L'Aveugle et le Perclus Christian Fürchtegott Gellert (1715 - 1769)

Un aveugle atteint par hasard,
Un impotent dont le regard ;
Pourrait bien lui servir de guide,
Si l'autre à cela se décide.

« Je ne puis t'aider : mon refus
Vient de ce que je suis perclus ;
Ton dos pourtant est. assez large,
Pour porter pas mal une charge.

Résouds-toi donc à me porter,
Alors je pourrais te guider ;
Tes jambes fourniront carrière,
Mon œil deviendra ta lumière. »

Sur les épaules l'impotent,
De l'aveugle arrive à l’instant ;
Réunis tout devient possible ;
Séparés tout parait pénible.

Les autres n’ont pas ton talent,
Mais ils possèdent plus d’argent ;
Et de cette science diverse,
Nait un agréable commerce.

Si l'autre avait la faculté,
Dont la nature m'a doté ;
Il serait de lui le Mécène,
Et ma laisserait dans la peine.

Va ! ne tourmente pas les cieux,
Si ses dons - n'en sois envieux, -
À tes amis tombent on partage,
Ils sont communs lorsqu'on est sage.





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