Moins riche en trésors qu'en science,
Aboulaina du Vizîr Ismaël
Était Courtisan éternel,
Suivait partout son excellence,
Soir et matin, enivrait Monseigneur
Du doux nectar de la louange,
Lui trouvait tout l'esprit d'un Ange,
Sans oublier les vertus de son cœur.
L'idole, cependant sourde, aveugle et muette
Savourait le mensonge et lassait sans pudeur
Aboulaina dans la disette.
Sa fille un jour le voyant revenir
Triste et chagrin de chez notre Vizir ;
Eh bien, dit-elle, il est toujours le même !
Ne lui peignez-vous pas votre indigence extrême ;
J'en parle, il n'écoute jamais
Mais il doit voir, à ce triste équipage
Il ne jette sur moi, que des regards distraits
O mon père, de grâce oubliez son palais,
Abjurez ce lâche esclavage,
C'est à la fois votre opprobre et le mien ;
Qui ne voit, qui n'entend et qui ne sert à rien
N'est pas digne de notre hommage.