Un Vieillard qui touchait à son heure dernière
Appela son fils, feu cher fils,
Approchez-vous, dit-il, embrassez votre père,
Vous voyez l'état où je suis,
II est temps de vous dire un secret qui vous touche,
Sur votre sort n'ayez aucun souci,
Je possède un trésor, écoutez-bien ceci,
Il est.... La Mort vint lui fermer la bouche.
Le fils pleura de reste, il perdait doublement!
Et dis qu'il eut pleuré suffisamment,
Dans la maison des champs, dans celle de la ville
Il fit creuser par tout, par tout peine inutile.
Ce ne fut pas fans frais, on n'omit aucun trou,
Il en devenait presque fou.
Mais que résoudre en sa douleur profonde ?
Se pendre pour l'aller chercher dans l'autre monde,
La chose méritait que l'on y réfléchit.
Comme il rêvait à sa mauvaise étoile,
Ne sachant plus que faire il lui vint dans l'esprit
De lever une simple toile
Qui couvrait le chevet d'un lit.
Là, sans remuer Ciel et Terre,
Il rencontre enfin le trésor.

La Vérité plus précieuse encor
Est couverte à nos yeux d'une gaze légère,
Mais vainement on se morfond
Quand on veut la tirer du puits le plus profond,
Et sa simplicité rend nos recherches vaines.
Comme elle vaut beaucoup, comme elle a mille appas,
On pense qu'elle doit nous coûter mille peines ;
On y touchait souvent qu'on la cherche à cent pas.

Livre II, fable 5




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