Un gentil écureuil, innocent animal,
Comme il allait un jour, parmi les dons de Flore,
Buvant les larmes de l'aurore,
Fut pris et transporté , loin de son bois natal,
Chez certain procureur. Un procureur pour maître,
Pour précepteur son clerc , son chat pour commensal ! ...
En plus mauvaise école il ne pouvait paraître :
Entouré de fripons il essaya de l'être.
Un jour, pour débuter, le drôle à son patron
Veut escamoter un marron
Qu'une écorce épineuse enveloppait encore,
Il le couve des yeux, des yeux il le dévore ;
Mais à peine il y touche , un maudit aiguillon
Ensanglante, désole et punit le larron.
-Funeste fruit ! dit-il, serais-tu donc semblable
Auremords qui déchire et poursuit le coupable ? -
Cette réflexion fit plus en un clin d'œil
Que n'aurait jamais fait la plus verte semonce ;
Aux exemples du chat aussitôt il renonce,
Et garde pour son bien les mœurs de l'écureuil.

Livre I, fable 5




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