Un glouton affamé, — comme sont, d’ordinaire,
Ces malotrus
Qui s’occupent fort peu de notre art culinaire
Et nous mangent tout crus, —
Un glouton qui passait sous un noyer superbe,
Le nez bas, en sournois,
Aperçut une noix
Dans l’herbe.
La broyer sous ses crocs aussi durs que le fer
Fut l’affaire d’une seconde :
— Pouah ! fit-il aussitôt, rouvrant sa gueule immonde
Que ce fruit est amer !
Un petit écureuil à la mine friponne
Qui d’une branche à l’autre allait d’un bond léger,
Lui dit alors :
— La noix est bonne,
Mais il faut savoir la manger.
Que d’appétits grossiers, par leur ardeur brutale,
Gâtent tout leur bonheur !
Combien ne cherchent pas sous sa rugueuse écale
L’amande pleine de saveur !