Les Vers-à-soie et le Chinois Don Juan Laurencin (1733 - 1812)

Grâce à l'heureux climat dont on jouit en Chine,
Dans ce pays la soie est abondante et fine.
Trois fois par an on recueille ce fruit
Sans prendre soin du ver qui le produit.
Cependant un Chinois de ceux qui jour et nuit
Ne rêvent qu'aux moyens de pouvair satisfaire
Leur faim insatiable d'or,
Crut qu'en suivant la méthode contraire.
Puisqu'en Europe elle était ordinaire,
On pouvait faire mieux encor.
Sur-le-champ, transporté de joie,;
Voyant déjà s'accroître son trésor,
II renferme ses Vers-à-soie,
Et de sa propre main leur porte abondamment
Ce qu'il croyait le meilleur aliment.

Mais dès la récolte première,
N'ayant pas lieu d'être fort satisfait
De son nouveau projet,
Aux Vers-à-soie il dit ;out en colère :
C'est donc ainsi que vous payez, ingrats,
Et mes soins et ma vigilance !
Lors un des prisonniers lui répondit tout bas :
Accusez-en votre démence.
Enchaîner l'industrie est véritablement
Une façon fort singulière
De la rendre encor plus prospère !
Croyez-moi ; comme auparavant
Si vous voulez être content,
Laissez-nous faire.
Autrefois un négociant
A Colbert en dit autant.

Fable 27


L'original de cette fable, en espagnol, est dans le porte-feuille de mon intime ami D. M. A de TEXADA, et ce n'est point la seule pièce digne de paraître au grand jour, qu'il recèle.

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