« Qui donc a causé tes douleurs ?
Quel méchant, belle vigne, a fait couler tes pleurs ?
Une cruelle main te mutile et t'outrage.
Hier encor j'admirais tes rameaux,
Je les voyais nombreux et beaux,
Parés de leur naissant feuillage,
Qui serpentaient, couraient, fuyaient sur le treillage.
Je connais le chagrin et j'y sais compatir ;
Tu le vois, comme toi je pleure,
Et dans ce pavillon, d'où je ne puis sortir,
Je suis enfermé pour une heure.
Je n'ai pas su mon rudiment,
C'est de mon précepteur une rigueur nouvelle ;
De ma vie il fait le tourment
Et c'est de mon manque de zèle,
Dit-il, le juste châtiment.
Tu le vois bien, le malheur nous rassemble,
Et nous pouvons pleurer, gémir ensemble. »
- Tu dis vrai, cher enfant, nos destins sont pareils ;
Mais je ne me plains pas d'un traitement sévère,
La taille m'était nécessaire,
Je lui devrai, plus tard, des fruits nombreux, vermeils.
Ainsi, d'un précepteur la rigueur salutaire
Enrichit ton esprit, éclaire ta raison.
Elle obtiendra de toi ce qu'on en doit attendre ;
Enfin, grâce à ces pleurs qu'elle te fait répandre,
Tu porteras aussi des fruits dans la saison. »