Le Chasseur, le Lièvre et la Perdrix Édouard Parthon de Von (1788 - 1877)

Lorsque l'on vise deux objets,
Ou que l'on poursuit deux projets,
On les manque tous deux, c'est la règle ordinaire.
Certain chasseur, à la tête légère,
Nous en fournit la preuve. Au bout de son fusil,
Une perdrix se lève : « Elle est à moi, » dit-il.
Mais tandis qu'il la met en joue,
De son dessein la fortune se joue,
Et vient offrir à son regard surpris
Un lièvre, à quinze pas, au gîte.
Cette vue, on le sent, et le trouble et l'agite ;
Il suit de l'œil le lièvre, en visant la perdrix ;
Le plomb entre les deux frappe ; l'oiseau s'envole,
Et notre chasseur se désole ;
Car au bruit, le lièvre d'abord,
De son côté, s'enfuit et court encor.

Ne voyez qu'un objet, ne suivez qu'une route ;
Je le répéterai, dussé-je être importun ;
Avotre but ainsi vous parviendrez sans doute.
Mais, à la fois, en poursuivre plus d'un,
C'est un moyen certain de n'en atteindre aucun.

Livre I, fable 19




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