À son retour d'Égypte un ramier voyageur
Alla voir une tourterelle.
« - Que vous êtes heureux, mon cher cousin, dit- elle
(Elle parlait au visiteur),
De pouvair contenter votre humeur vagabonde !
Que ne puis-je avec vous courir aussi le monde !
Car cette vie errante a pour moi mille appas.
- Mais alors pourquoi donc ne voyagez-vous pas ?
Si ce goût est le vôtre, il faut le satisfaire.
Voulez-vous avec moi partir pour l'Angleterre ?
- Quand ? - Demain. - C'est trop tôt. -Dans huit jours ? - Je ne puis ;
Je dois encor mes soins à ma jeune famille :
Mais l'an prochain, sans faute je vous suis.
J'aurai donné j'espère un époux à ma fille ;
Mes deux fils seront grands ; j'aurai plus de loisir
Et pourrai voyager alors pour mon plaisir.
- Vous m'avez, l'an passé, tenu même langage. »
- Vous êtes injuste vraiment ;
Un fils malade, un emménagement,
M'ont-ils laissé le temps de me mettre en voyage ?
- Avez-vous, cette fois, promesse de là - haut
Que pendant douze mois tout ira comme il faut ?
Jamais de longs desseins ne sont réalisables ;
Voulez-vous voyager ? partez sous peu de jours.
En effet, les projets aux perdreaux sont semblables :
Visés de loin, on les manque toujours.