Des deux fils d'un bon laboureur
L'un, doué d'un esprit d'intrigue et de finesse,
Habile à se tourner au vent de la faveur,
De l'emploi le plus humble, à force de souplesse,
Des honneurs par degrés se fraya les chemins,
Et devint grand visir d'un puissant roi de Perse.
Resté dans son village et d'humeur bien diverse,
L'autre vivait heureux du travail de ses mains.
Un jour qu'il labourait son modeste héritage,
Son frère le ministre, en brillant équipage,
Passe, le voit, l'appelle et lui dit : « Pauvre ami,
Si lu voulais des cours apprendre le langage,
Tu n'aurais pas besoin de travailler ainsi.
— Et toi, si tu voulais, lui répondit son frère,
Libre et content passer tes jours
En cultivant lé champ que cultivait ton père,
Tu n'aurais pas besoin de ramper ? dans les cours. »