De par le monde il est deux frères
Dont les destins ne se ressemblent guères :
Le cadet en tous lieux aime à se faire voir ;
L'aîné, modeste et sédentaire,
Dans le cercle, tout au contraire,
Se laisse à peine apercevoir.
Le premier, beau diseur, jase un peu sans savair ;
Le second à propos connaît l'art de se taire ;
L'un a de beaux habits tout plein son vestiaire,
L'autre, ennemi du faste, au simple pourpoint noir
Borne sa toilette ordinaire.
Celui- ci d'un palais est le propriétaire,
Tandis que celui-là souvent n'a pour manoir
Que sa chaumine héréditaire.
Enfin, l'un réussit dans mainte et mainte affaire
Où l'autre, rebuté, demeure sans espoir.
- Leurs noms ? L'aîné s'appelle le Savair,
Et le cadet, le Savair-Faire.