Au milieu d'un sombre bosquet,
A Philomèle un roitelet
L'autre jour tenait ce langage :
« Chère voisine, ce bocage
Ne retentit plus de vos chants ;
Nous n'entendons plus, quel dommage !
Ces airs si vifs et si touchants,
Qui pour nous avaient tant de charme !
Votre silence nous alarme ;
Quelque rhume ou quelque malheur
Aurait-il votre voix éteinte ? »
- Nul accident, nulle douleur
Ne m'a fait sentir son atteinte,
Dit Philomèle, « si ma voix
Retentit moins depuis deux mois,
C'est qu'alors, libre et sans contrainte,
Je pouvais la nuit et le jour
Chanter le plaisir et l'amour.
De l'hymen je suis tributaire,
Mille soins viennent m'agiter,
Je songe à mes fils, à leur père ;
Lorsque l'on est épouse et mère
On n'a plus le temps de chanter. »