L'Abeille et la Fourmi Éliphas Lévi (1810 - 1875)

Une fourmi voyait une abeille joyeuse,
Ivre de son mielleux trésor,
Rayonnante de poudre d'or,
Dans la coupe des fleurs se plonger tout heureuse.
- Va, dit-elle, sot animal,
Des humains machine vivante !
Ils te font des maisons, ils soignent leur servante.
Moi, d'eux je n'attends que du mal ;
Ils me foulent aux pieds, ils effondrent mes granges.
Ils n'ont que du mépris pour moi,
Et leur plus grand poëte a chanté tes louanges.
En quoi suis-je pourtant moins active que toi ?
- En rien, répond alors la fille de l'Hymette,
Mais j'ai donné du miel aux lèvres du poëte ;
Et toi que ferais-tu pour les fils d'Apollon ?
Tu peux les piquer au talon.

De l'égoïsme aussi l'égoïsme se venge.
Au cours de la nature il faut s'abandonner.
Toute la vie est un échange :
Pour recevoir, il faut donner.

Livre III, fable 16




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