Je suis fille du ciel, disait l'autruche un jour ;
D'une mère jamais je n'ai connu l'amour.
Quant aux œufs que le ciel me donne,
A ses soins je les abandonne.
Quelquefois je sais me nourrir
Des substances les plus mortelles.
Je fais usage de mes ailes
Non pour voler, mais pour courir ;
Ma vie est celle d'un athlète.
- Tu n'es qu'une vilaine bête,
Lui dit la poule avec courroux.
Eh quoi ! tu méconnais les devoirs les plus doux,
Et tu prétends que je t'honore !
Va te cacher, grosse pécore.
Mais vous, chers petits que j'adore,
Sous mes ailes rassemblez-vous !
Cultes rêveurs de l'imposture,
Sans amour et sans cœur folles austérités,
Vice ou vertus contre nature,
Ce sont des monstruosités.