« Rangez-vous tous, je vais voler. »
Criait une autruche pesante ;
Et les oiseaux de reculer
Dans la plus curieuse attente.
« Allons, suivez-moi bien des yeux ;
Vous verrez si je tiens parole.
Je vais fendre l’azur des cieux ;
C’est pour le coup que je m’envole.
Gare ! gare !... » En disant ces mots,
Que sifflent l’alouette et quelques hirondelles,
Elle étend lourdement ses ailes,
Trop courtes de moitié pour des projets si beaux.
Infructueux efforts ! Cramponnés à la terre,
Ses pieds servent mal ses projets ;
Elle sillonne la poussière,
Et, s’agitant toujours, ne s’élève jamais.

Ces disgrâces sont ordinaires,
Et chez le peuple auteur on ne voit que cela.
Combien d’autruches littéraires
Disent je vole, et restent là !

Livre II, fable 15




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