L'Autruche et la Chauve-souris Fables Sénégalaises

Animal à quatre pattes,
Disait un jour l'Autruche à la Chauve-Souris ;
D'être au rang des oiseaux vainement tu te flattes ;
Couvert de poils noirs et gris,
Sans plumes sur le corps, sans bec à ton visage,
Le Créateur s'est mépris
Lorsqu'il a mis au monde un si laid personnage.
Vois~ au dieu des oiseaux c'est moi qui dois hommage
La soie et le coton par zéphyr floconnés,
Par les grâces festonnés,
Composent mon doux plumage.
Mes cuisses et mon cou des roses sont l'image ?
Mon cou qui, dans les airs, s'élance avec fierté !
Sur mon plumage noir vois l'éclat argenté
Dont brillent mes blanches ailes ;
C'est l'ornement des rois, des guerriers et des belles.
As-tu rien de ma grâce et rien de ma beauté?
Tu crois être un oiseau j'en ris, en vérité.
–« Ajoute à ton portrait quelques grâces nouvelles,
Reprit la Chauve-Souris ;
Vante ce cou trop long, cette jambe effilée,
Et cette tête pelée.
Essayons de la volée,
Nous verrons pour oiseau qui des deux sera pris,
Nous verrons qui des deux a les meilleures ailes.
Et tes plumes encore à quoi te servent-elles ?
C'est ce qui fait courir le chasseur après toi.
Dieu me préserve, ma foi,
D'un présent si redoutable

Mesdames écoutez bien
Mieux vaut laideur profitable
Que beauté dangereuse ou qui n'est bonne à rien.

Fable 33




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