En se jouant dans l'élégant feuillage
D'un mimosa dont les fleurs
En épis de deux couleurs,
Tombaient d'étage en étage,
Un Colibri vêtu de pourpre et d'or,
Chatoyant dans son plumage,
S'écriait « Oh quel trésor
Pourquoi, Buisson cette fraîche verdure,
Ces riches fleurs ces parfumés atours
Et ce luxe de parure,
Ne durent-Hs pas toujours ? »
K Charmant oiseau, dit la Plante,
Pourquoi perds-tu cette robe brillante
Que tu revêts au doux temps des amours ?
La nature libérale
Me donne aussi ma robe nuptiale.
En inspirant l'heureux besoin d'aimer,
Elle enseigne l'art de plaire,
Et parc le sanctuaire
Où l'hymen doit consommer
Son sacré, son doux mystère.
J'ai, comme toi, mes amoureux soupirs ;
J'ai mes baisers, ma tendresse;
Dans chaque fleur j'éprouve une caresse
Et je goûte des plaisirs.
Saison d'amour, de jeunesse,
Beaux jours, bonheur n'ont qu'un temps
Plus tard, regrets impuissants,
Soins, coquetterie, adresse,
Ne nous rendront ni tes vives couleurs,
Ni mes parfums, ni mes fleurs. »
A cette loi générale
Tout est soumis, Églé, pensez-y bien,
Nature, Églé, ne donne pas pour rien,
Ni pour long temps, la robe nuptiale.
Et toi Damon, des brillants Colibris
Jadis la brillante image,
Regarde tes cheveux gris.
Belles fleurs, joli plumage,
Age d'aimer, temps des jeux et des ris,
Vous n'êtes plus; c'est l'instant d'être sage.