UNE Perruche verte, en cage dès l'enfance,
Sifflait, parlait, chantait du matin jusqu'au soir.
Sa tête à reflets gris, son collier rose et noir,
Sa grande et belle queue et son air d'élégance,
Ses jolis talents, sa beauté,
En avaient fait vraiment un oiseau d'importance~
Adulé caressé, gâté.
Tous les plaisirs dans l'esclavage
Ne valent pas la liberté 1
Sans dire adieu, l'ingrate un jour quitte sa cage,
Et la voilà qui court les champs.
De ses amis, de ses parents,
Elle a bientôt rejoint une bande sauvage.
Fière de montrer ses talents,
Elle étourdit le voisinage
Par son gentil sifflet et son gai bavardage.
C'était Catau ! bonjour, Catau !
Vive le roi ! donnez la patte !
Baisez donc vite ! Gratte, gratte !
Puis un coup de sifflet terminait le morceau.
Ses amis trouvaient bien plus beau
Le simple cri de leurs ancêtres.
« Mais que vous ont appris vos maîtres,
Lui disait-on du moins qui puisse vous servir ?
Chansons ne font pas vivre et savair se nourrir,
Se loger, se garder, vaut mieux que gentillesse ;
Ce sont là les meilleurs talents
Que puisse acquérir la jeunesse. »
Notre Perruche, en peu d'instants
En fit la triste expérience.
Elle souffrait du chaud, du froid, du mauvais temps;
A peine elle savait chercher ses aliments.
Excitant la pitié, vivant de bienfaisance ;
Contre les dangers sans prudence,
Un Aigle la surprend, la porte a ses enfants,
Et leur dit « Dédaignez des agréments futiles,
« Méprisez un brillant habit;
Visant aux seuls talents utiles,
« Exercez votre corps et trempez votre esprit. »