Le Nègre et son Ombre Fables Sénégalaises

Éblouissant, de son lit magnifique
Écartant les draps d'or et de pourpre et de feux,
Secouant la rosée aux rivages d'Afrique,
Le soleil, sur son char, y s'élançait dans les cieux.
Quittant la couche obscure où sa noire compagne
Lui prodiguait ses noirs appas,
Un Nègre matinal marchait dans la campagne
Vers le couchant il dirigeait ses pas.
Son Ombre devant lui s'allongeait sur la terre.
Quelques vapeurs troublant ce pauvre hère,
Il crut l'entendre dire « Esclave, obéis-moi;
Suis-moi; je marche la première.
Vois combien je suis grande, vois !
En vain tu voudrais fuir, je courrais devant toi.
Ta place est toujours par derrière.
De ce maître insolent ne pouvant se défaire,
Le Nègre las s'arrête enfin.
Son Ombre aussi s'arrête. Il lui dit en colère
« Qu'attends-tua va sans moi. Passe en paix ton chemin.
Je ne te suivrai plus; je rentre à ma chaumière. »
Puis il tourne vers le levant.
Mais ) en regardant en arrière,
Il voit l'Ombre, d'abord si fière,
Comme une esclave alors pas à pas le suivant,
Et moins grande qu'auparavant.

De la plupart de 'gens tel est le caractère;
Ou maîtres, ou valets, c'est selon qu'on les prend.
D'après son rôle et sa fortune,
L'homme devient petit ou grand
Soit dit de toute âme commune;
Le sage aux coups du sort est seul indifférent.

Fable 35


Je doute fortement qu'il existe une histoire sénégalaise qui porte ce nom ; peut-être plus vraisemblablement "L'homme et son ombre". Alors pourquoi diable réduire cet homme à sa couleur ?!

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