Un nouvea débarqué des rives du Niger
Allait soigner un lointain héritage,
À la cupidité vendu pour l'esclavage ;
Car un honteux trafic, inventé par l'Enfer,
De cette race infortunée,
Au plus offrant abandonnée,
Dispose à son vouloir. Comme à ses pareils
L'homme peut-il forger des chaînes ?
Quand finiront les peines
De ces peuplades Africaines ?
En vain l'Humanité, par de sages conseils,
À l'exécution de ses lois souveraines
Appelle d'avides Colons ;
Ils ne font cas de ses leçons,
Et la Nature et la Philosophie
Combattent vainement
Cette homicide barbarie.
Français ! peuple ennemi de l'asservissement,
Chez qui la LIBERTÉ maintenant à ses temples,
Abjure un commerce odieux,
L'horreur de la terre et des cieux ;
Tu dois à l'univers de semblables exemples.
Mais je reviens à notre esclave noir :
Son maître, qui croyait que cette teinte obscure
Venait de négligence, et non point de nature,
Le fait conduire un beau jour au lavoir,
Et frotteur aussitôt de faire leur devoir,
Brosses d'agir ; on le baigne, on travaille
Sa peau rebelle ; on ne fait rien qui vaille ;
Notre malheureux étranger,
Malgré la savonnade,
Resta noir, et tomba malade ;
Un fantasque désir le mit en grand danger.
Le naturel ne saurait se changer

Livre I, fable 7


Il faut entendre le mot Nègre comme il était pensé à l'époque de l'auteur : Homme de couleur noire, bien qu'il soit d'utilisation pour le moins douteuse de nos jours pour avoir trop été utilisé dans un sens péjoratif.

À rebours de son époque, l'auteur fustige la colonisation de la France en Afrique et le manque de respect de son pays pour le continent noir et c'est beau à lire !


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