Rose arrogante
À l'Amaranthe
Disait un jour :
Que viens-tu faire,
Plante vulgaire,
En ce séjour ?
Fleur de l'amour,
Tout le boccage
Me rend hommage ;
Le tendre Hylas
M'offre à sa belle,
Et Pastourelle
À son Lucas.
De mes appas
Reine s'honore,
Et je décore
Le plus beau sein ;
Couleur vermeille,
Parfum divin,
Il n'est merveille
À moi pareille
En ce jardin.
Le doux Zéphyre
Pour moi soupire,
Chacun m'admire ;
Au lieu que toi
Tu n'est qu'une herbe
De nul emploi.
Rose superbe,
Dit l'autre fleur,
Point je n'envie
Poste flatteur,
Dont ta hauteur
Se glorifie.
Tes agréments
Ont la durée
D'un seul printemps ;
Moi, de Borée
Je ne crais pas
Les noirs frimas :
Beauté solide
En moi réside.
Ces donc reçus
Par toi de Flore
Sont tôt perdus :
De chaque aurore
Moi les tributs
Je vois éclore ;
Je suis encore
Quand tu n'es plus.