Le Flamand et la Pintade Fables Sénégalaises

Un Flamand, de retour d'un long pèlerinage,
Caressait, près d'un lac ombragé d'un grand bois,
Les rosés et les lis de son brillant plumage.
Il admirait ces lieux, témoins de son jeune âge ;
Il les trouvait si beaux bien plus beaux qu'autrefois !
« Eh ne voyez-vous pas, ma chère y
Comme ici la nature entière
S'embellit depuis quelque temps ? »
Dit-il à la Pintade, animai sédentaire.
« Rien, répond celle-ci, n'est changé dans nos champs
Je les trouve toujours les mêmes.
Mais, voisin, puisque tu les aimes,
Puisqu'ils te paraissent si beaux,
Pourquoi courir le monde et braver mille maux ?
Reste avec nous » dit la Pintade.
Le Flamand répliqua J'ai peur des longs repos ;
Votre exemple en fait foi, ma chère camarade
On ne prise pas bien ce qu'on voit tous les jours.
A nos goûts comme à nos amours
Un peu d'absence prête une vigueur nouvelle.
La patrie est encor plus belle
Lorsqu'on revient de l'étranger.
De la fatigue et du danger
Le plaisir du retour à lui seul dédommage ;
Fût-il le seul plaisir que l'on eût en voyage,
Il faudrait voyager. »

Fable 34




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