Un Flamand, de retour d'un long pèlerinage,
Caressait, près d'un lac ombragé d'un grand bois,
Les rosés et les lis de son brillant plumage.
Il admirait ces lieux, témoins de son jeune âge ;
Il les trouvait si beaux bien plus beaux qu'autrefois !
« Eh ne voyez-vous pas, ma chère y
Comme ici la nature entière
S'embellit depuis quelque temps ? »
Dit-il à la Pintade, animai sédentaire.
« Rien, répond celle-ci, n'est changé dans nos champs
Je les trouve toujours les mêmes.
Mais, voisin, puisque tu les aimes,
Puisqu'ils te paraissent si beaux,
Pourquoi courir le monde et braver mille maux ?
Reste avec nous » dit la Pintade.
Le Flamand répliqua J'ai peur des longs repos ;
Votre exemple en fait foi, ma chère camarade
On ne prise pas bien ce qu'on voit tous les jours.
A nos goûts comme à nos amours
Un peu d'absence prête une vigueur nouvelle.
La patrie est encor plus belle
Lorsqu'on revient de l'étranger.
De la fatigue et du danger
Le plaisir du retour à lui seul dédommage ;
Fût-il le seul plaisir que l'on eût en voyage,
Il faudrait voyager. »