Le rivage dormait, la marée était basse,
La mer berçait la grève, et dans l'éloignement
Le flot sur les récifs se brisait doucement.
Le nuage glissait comme un ombre qui passe,
Et la lune, écartant ses voiles argentés,
Présidait le conseil des astres aimantés.
Une étaile disait : - Je sais au creux des ondes
Une perle, ma sœur, qui, si je voulais,
Irait du vieux pêcheur enrichir les filets.
Et la lune lui dit : - Au sein des mers profondes,
Laisse en paix ce trésor ignoré des humains.
Le pêcheur, ton ami, travaille avec courage,
Il rame avec ardeur, il sait braver l'orage,
Et la riche paresse avilirait ses mains.
Le travail généreux donne la grandeur d'âme,
Fait briller sur les fronts une étaile de flamme ;
Il verse un miel de grâce aux jours les plus amers ;
Il crée une richesse inhérente, éternelle :
Et c'est pour ton vieillard une perle plus belle
Que ce joyau perdu qui gît au fond des mers.