Un Enfant étourdi, qui s'amusait de tout
(Tout est passe-temps à cet âge),
Jouait avec un Chat, doucereux personnage,
Pour les jeux ayant même goût.
C'était plaisir de voir toutes les gentillesses
Dont ce Chat régalait son jeune compagnon.
L'enfant payait l'esprit de son ami Raton
Avec des gâteaux, des caresses ;
Et Raton, caressé, multipliait ses tours.
Tantôt il fait le mort, tout-à-coup ressuscite ;
Puis s'étend sur le dos, fait patte de velours ;
Tantôt, comme un éclair, au loin se précipite,
Mais à Fanfan revient toujours.
Tout allait bien, quand l'hypocrite
Entendit par hasard une souris marcher.
Il veut courir ; l'Enfant lui barre le passage.
Il insiste ; on tient bon, on ne veut pas lâcher,
Tant est joli son badinage.
Raton se fâche alors ; met la grifse en avant,
S'élance sur Fanfan, déchire son visage,
Et vole à la souris plus vite que le vent.
Que d'amis à Raton semblables !
Comblez-les de bienfaits, partagez leurs plaisirs ;
Ils sont doux, complaisants, affables ;
Mais ne gênez pas leurs désirs.
Dès que votre amitié n'a plus rien qui les flatte,
Adieu leur amour inconstant.
Ils ont comme le Chat des grifses à la patte,
Et vous blessent en vous quittant.