Un jeune chat ainsi qu'un jeune chien,
Tous deux d'humeur assez facile,
Amusaient un enfant, qui lui, croyez-le bien,
Des trois était le moins docile.
L'un avait le poil rude, inculte, hérissé;
C'était un beau griffon, de fort laide figure.
L'autre avait une douce et soyeuse fourrure ;
C'était une charmante et belle créature.
Aussi le beau minet était-il caressé,
Quand le laidron était durement repoussé.
Un jour pourtant une mésaventure
Arrive à notre jeune enfant ;
Il sent sa main, mollement étendue
Sur le dos qu'il caressait tant,
Par le félon subitement mordue.
Quelle déception, être par lui blessé!
Le chien témoin du danger de son maître
Pour le venger poursuit le traître ;
Et puis est à son tour, justement embrassé.
Ne jugeons pas sur l'apparence ;
Tel qui nous séduira par des dehors trompeurs,
Peut offrir au revers, trahison et malheurs.
Envers ceux que l'on flatte ou que l'on récompense,
On ne saurait agir avec trop de prudence ;
Enfin en songeant à mon chien
Qu'on regarde avant tout à qui l'on fait du bien.