Le Villageois et le Perroquet Étienne Azéma (1776 - 1851)

Vous avez rencontré sans doute
Certains de ces fâcheux, de ces diseurs de mots,
Qui vous arrêtent sur la route,
De salutations et de fades propos
Vous tourmentent de cent manières,
Et qui, pendus à vos côtés,
A force d'importunités,
Vous font manquer souvent les meilleures affaires.
Un Villageois, de grand matin,
Pressé de se rendre à la ville,
Les pieds poudreux, d'un pas agile,
Poursuivait gaîment son chemin.
Il entend, à peine en voyage,
Une voix qui lui dit : Bonjour.
L'honnête et galant personnage
D'un bonjour riposte à son tour.
Ceci fait, le Rustre chemine ;
Et cheminant, la même voix
Lui dit une seconde fois
Bonjour, il cherche, il examine,
Il regarde de tous côtés»
Pour reconnaître la personne
Qui lui vaut ces civilités,
Et rend toujours ce qu'on lui donne.
Las à la fin de ce caquet
Qui l'attardé, et partant, lui vole v
Quelques heures de son trajet,
Il aperçoit un Perroquet,
Fraîchement sorti de l'école,
Qui le suivait et répétait
Cette interminable parole.
Que le ciel t'étouffe, dit-il,
Oiseau bavard, langue maudite !
Sans tes souhaits et ton babil,
J'aurais déjà gagné mon gîte.

Livre IV, Fable 9




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