Le Villageois et le Chien furieux Louis de Valmalète (19 siècle)

Un Villageois, menant ses bœufs au pâturage,
Fut mordu jusqu'au sang par un Chien furieux.
Il était superstitieux,
Ayant ouï dire au village
Que s'il donnait à l'animal
A boire de son sang, il guérirait son mal,
Il le crut. Or, le sang coulant de sa blessure,
Il en imbibe un peu de pain,
Et l'offre à l'animal, auteur de la morsure,
Qui se jette dessus et l'avale soudain.
Notre Chien y prend goût : son appétit s'enflamme ;
Sur le pâtre, saisi d'épouvante et d'horreur,
Il se jette avec rage, il lui fait rendre l'âme,
Dans tout son sang enfin assouvit sa fureur.

Quiconque d'un méchant a reçu quelqu'offense,
Devra s'attendre à pareil traitement,
S'il lui donne une récompense
Au lieu d'un juste châtiment :
Car jamais la reconnaissance
N'entra dans le cœur du méchant.

Livre II, Fable 3




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