Je vous vais , aujourd'hui, parler de Charles- Quint :
Point ne le verrez-vous parader sur un trône ;
Non, Charles s'est démis de sa double couronne ;
Il vit, en un couvent, comme un beau petit Saint.
Sachons donc ce qu'il fait, pour l'heure , en sa cellule :
Tenez, il est assis devant un guéridon,
Dans l'attitude, dirait-on,
D'un esprit qui rêve et calcule ;
C'est qu'il rêve et calcule , en effet, tout de bon...
Trente montres sont là ; sans cesse, il les regarde ;
Puis, il en prend telle une ou telle autre , et, soudain ,
Vous l'avance ou vous la retarde ;
Or, ce manège, à quelle fin ?...
Attendez !... J'entrevois une autre comédie :
Certain Valet survient ; il entre à l'étourdie,
Heurte le guéridon, et, ma foi, patatras !
Voilà le guéridon à bas !
Et, les montres, de compagnie,
Tombent, et, sur le sol, roulent en mille éclats ;
Et, mon drôle, ébahi, tremble , et ne sait que dire.
Mais, Charles, se prenant à rire tout d'abord :
Merci, fait-il au pauvre sire ;
Grand maître es-tu, l'ami, car, tu m'as, sans effort,
Enseigné le moyen de les mettre d'accord...-
Quoi, c'était à cela qu'il visait ? Voyez comme
Peut à des riens, parfois , s'abaisser un grand homme !... -
À des riens ?...Tentez-moi l'épreuve, s'il vous plaît :
On vous quitte cent ans , pour trouver ce secret,
A moins que vous n'alliez en user de la sorte
Dont en usa notre Valet.
Mais, je sais un Valet, qui rit, lorsque, sur terre,
Il voit, par tous pays, les humains en discord ;
Ah! que, pour les mettre d'accord,
Il vous les vient briser d'une étrange manière,
Ce Valet du Destin, qu'on appelle la Mort !