Croyez-vous à l'Astrologie ?
Moi, je n'y saurais voir qu'un art de peu d'effet,
Depuis que j'ai lu certain fait,
Que, pour votre gouverne, il faut que je vous die ;
Or, l'Égypte nous va fournir
Ce nouveau sujet d'apologue.
Une Dame du Caire, un jour, oyant tenir
En grand honneur un fameux Astrologue,
L'envoie incontinent quérir,
Et le presse de faire entendre
Ce qu'elle désirait d'apprendre.
L'Astrologue dresse aussitôt
Mainte figure astrologique,
Puis, le savant , sinon le sot,
Fait, sur chacune, en style amphigourique,
Un beau discours d'autant plus long,
Que, ni la forme, ni le fond,
Rien que ce fût n'agréait à la Dame .
Enfin, le Discoureur se tait ; et, cette femme,
Qui voit qu'elle n'en sait pas plus qu'auparavant,
A son vrai taux évaluant
Cet insipide amas d'ineptes impostures,
Donne une drachme à l'impudent.
De ce salaire peu content,
Notre Homme de nouveau regarde ses figures,
Et dit : Si , par événement,
Vous aviez perdu quelque chose,
Parlez, Madame, l'art divin,
Dont à volonté je dispose,
Vous le fera retrouver tout soudain.
Je le crois, lui répond la Dame, à telle cause,
Que, ce que j'ai perdu, vous l'avez dans la main.
Que d'Astrologues en ce monde,
A nommer de ce nom tant de beaux prometteurs, —
Médecins, Avocats, Auteurs,
Dont l'audacieuse faconde
Exalte les vertus de leur orviétan !
Livres, consultes et recettes,
Selon nos goûts, achetons-en :
Quel fruit tirerons-nous de ces rares emplettes,
Où ces gens nous offraient, à grand bruit de trompettes,
Des avantages si certains ? -
Quel fruit ?... l'or, que, de nos cassettes,
Nous auront fait sortir, pour le mettre en leurs mains.