Les Astrologues Claude-Joseph Dorat (1734 - 1780)

Des Astrologues très-fameux,
De ces gens pour qui seuls la nature est sans voiles,
Et soutenant que tout sur ce globe poudreux
Vient en droiture des étoiles,
Examinaient d'un regard curieux
Le mobile appareil que dans les airs étale
L'Aurore, dite Boréale,
Prodige et parure des Cieux.
Vois-tu, dit l'un à son confrère,
Y courir, s'y heurter ces nombreux bataillons,
De piques hérissés et respirant la guerre.
Y vois-tu, dit l'autre, au contraire,
Ces bleds touffus ombrageant des sillons ? –
Ce parti va plier, il chancelle, il succombe –
Quel conte ! il est vainqueur et c'est l'autre qui tombe :
Ainsi le même objet sous des noms différents,
Se falsifie, en passant par nos sens :
Chaque Mortel, dans cette vie,
De sa chimère est entêté,
Et dégrade la vérité
Par quelque trait de sa folie.

Livre IV, fable 12




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