L'Aiglonne et les Paons Claude-Joseph Dorat (1734 - 1780)

Une Aiglonne jeune et jolie
Fut promise autrefois, au fils du Roi des Paons :
La politique entre les Grands
Règle l'hymen ; on consulte les rangs,
Et point du tout la sympathie.
Aussi fraîche que le Printemps,
Voilà notre infante partie.
Vous jugez si par les chemins
On s'empressait à bien fêter la dame :
Les Rossignols et les Serins,
Autour d'elle attroupés, chantaient avec plus d'âme :
Le Corbeau même, je la plains,
Lui croasse une Epithalame.
Enfin, elle arrive à la Cour.
Le Prince fait la roue et vient lui rendre hommage.
Avec orgueil il étale à son tour
Sa pompe rayonnante et son auguste amour,
Et les astres de son plumage.

Livre IV, fable 10




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