Le Laboureur et le Bourgeon Claude-Joseph Dorat (1734 - 1780)

Un Laboureur, déjà courbé par l'âge,
Dans son verger admirait un Bourgeon,
Et le sourire animait son visage.
A quoi t'amuses-tu, lui dit son compagnon ?
Pour la fleur où le fruit je garde mon hommage.

Tout cela comme à moi ne va point t'échapper,
Lui répond alors notre Sage :
A chaque instant la mort peut me frapper,
Tu n'es, toi, qu'au tiers du passage.
Pour me hâter, j'ai mes raisons.
Les roses du Printemps sont pour moi des largesses.
O Nature ! incertain de jouir de tes dons,
J'aime à jouir de tes promesses.

Livre IV, fable 16




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