Le Laboureur qui a perdu sa houe Babrius (Ier - IIème siècle)

Un laboureur qui bêchait sa vigne avait perdu son hoyau ; il de- manda aux villageois qui étaient près de lui si personne ne l'avait pris. Chacun s'en défendait. Notre homme, bien empêché, les conduisit tous à la ville pour leur faire prêter serment ; car on croit qu'aux champs habitent les divinités sans malice, et dans les villes, au contraire, les vrais dieux, ceux qui savent et qui voient tout. Arrivés à la ville, ils se lavaient les pieds à une fontaine et déposaient leur besace, lorsqu'un crieur public annonça une récompense de mille drachmes pour celui qui découvrirait l'auteur d'un vol fait au dieu. Le laboureur l'entendit : « Que suis-je donc venu faire ici ? s'écria-t-il ; et comment le dieu pourra-t-il connaître les voleurs d'autrui, s'il ne connaît pas même les siens, et s'il cherche à prix d'argent un homme qui les lui révèle ? »

Titre original (de la traduction) : Le Laboureur qui a perdu son hoyau