Un Jardinier fleuriste auprès d'un Laboureur
Tranchait un peu du grand Seigneur.
Dieu te garde, l'ami ! ton métier est bien rude,
Et te rapporte peu d'honneur ; Je te plains.
Ce n'est pas qu'il faille grande étude
Pour tracer des sillons ; tes bœufs font, sur ma foi,
Dans ce travail aussi savants que toi :
Mais ton profit est, je crois, assez mince.
Et qu'es-tu donc pour me parler ainsi,
Répond le Laboureur ? Il faut être au moins
Prince Pour valoir mieux que je ne vaux ici.
Dans le jardin d'un homme d'importance
Je fais naître, dit l'autre et cultive des fleurs.
Eh bien ! conçois-tu la distance
Des Jardiniers aux Laboureurs ?
Dis-moi non, si tu l'oses.
- On t'attend au jardin, pars sans plus t'arrêter :
Tu pourras me le disputer
Quand on fera du pain avec des roses.