D'un air vif et pleine d'ardeur,
Voltigeait, sans relâche, une abeille légère,
Avec grand soin, cherchant sur chaque fleur,
Un nectar pur et salutaire.
Petite abeille que fais-tu ?
La prenant sur le fait, lui dit la jardinière :
Crains le poison caché sous la fleur printanière ;
Toutes les fleurs n'ont pas une égale vertu !
Je le sais bien reprit l'abeille,
Mais je n'ai point à craindre une fatale erreur :
Ainsi que de la rose, odorante et vermeille,
J'extrais de l'aconit une douce liqueur.
Celui qui, dans ses vœux, prend la raison pour guide,
N'a pas à redouter un écueil dangereux ;
Comme l'abeille, il sait tirer un miel limpide,
Des sucs les plus amers et les plus dangereux.