Un Arabe, égaré dans un vaste désert,
Errait depuis deux jours, privé de nourriture ;
Et succombant enfin à sa triste aventure,
Il voyait de la mort l'affreux gouffre entr'ouvert.
Quand passant tout auprès d'une de ces citernes,
Qui se trouvent parfois dans ces sauvages lieux,
Et que les musulmans, exacts, religieux,
Même dans nos siècles modernes,
Pour leurs ablutions, et leurs devoirs pieux,
De rencontrer sont toujours trop heureux,
Aperçut une poche pleine :
« Allah ! dit-il, voilà certainement,
Pour ma faim, une bonne aubaine,
Et quelque doux soulagement. »
Il l'ouvrit donc avec empressement :
Mais o douleur vive et soudaine !
Il n'y trouva qu'un très-gros diamant.
L'à-propos seul séduit et flatte ;
Que faire avec des biens qui ne conviennent plus ?
L'Arabe eût préféré, dans ce cas, une datte,
A tous les trésors de Crésus.