Pour se mettre à l'abri d'un hiver rigoureux,
Le hérisson, animal paresseux,
Fit à la taupe, un jour, la demande indiscrète,
Dans le fond de son trou de lui donner retraite,
Pour tout au plus un mois ou deux.
La taupe y consentit sans nulle répugnance ;
Mais une fois admis, ce piquant animal,
Ne pouvant se mouvoir sans lui faire du mal,
Elle vit, mais trop tard, toute son imprudence.
Alors, elle pria l'importun hérisson
De déloger, de sortir au plus vite,
En lui disant, franchement, sans façon,
Que, pour deux, sa logette était un peu petite.
Mais celui-ci, se trouvant bien,
Lui répondit, sans plus ample entretien :
Vous pouvez, j'y consens, chercher un autre gîte ;
Quant à moi, je n'en ferai rien.
En aucun temps, il n'est prudent, ni sage,
De recevoir, au sein de son foyer,
Celui qu'on ne pourra, s'il cause du dommage
A sa volonté renvoyer.