Le Jardinier fleuriste et la Modiste Louis Fayeulle (1764 - 18??)

Qu'on prise les talents et le produit des arts,
De tant d'objets divers la savante structure,
Le peintre ingénieux offrant à nos regards
Des tableaux variés imitant la nature !
De ce commun accord ne soyons pas surpris,
Car où trouver jamais un plus parfait modèle ?
Sans contredire, enfin, chaque chose a son prix ;
Mais le vrai beau ne peut exister que par elle.
Un jardinier fleuriste, au retour du printemps,
Apportait son tribut chaque jour à la ville ;
Notez ce point, que, pourvu de bon sens,
Il y joignait l'agréable à l'utile.
De fleurs aussi le comptoir bien pourvu,
Comme un parterre en la saison nouvelle,
Jeune modiste, au regard ingénu,
Unissait à l'œillet la rose la plus belle,
Le myrte et la pensée à l'humble réséda.
Surpris de ce mélange, et le cas nous l'explique,
En nouveau Quintinie il prend son agenda,
Et, sans plus hésiter, il entre en sa boutique,
Où l'on voyait déjà grand nombre d'amateurs.
Riant de sa bévue, un peu confus, n'importe ?
« A mon avis, dit-il, rien n'égale les fleurs
(Belle, il faut l'avouer) que chaque jour j'apporte :
Elles flattent les yeux, mais ne les trompent pas.
Voyez ces frais boutons, celte rose vermeille ;
Par son aimable odeur et ses naissants appas,
Elle décore, embaume ma corbeille,
En tout bien préférable à tant d'objets trompeurs
Que l'on ne vit jamais au cortège de Flore,
Et que jamais de ses pleurs
N'arrosa la naissante aurore. »
Toujours rose d'amour fut l'honneur du printemps ;
Pour l'imiter souvent plus d'un masque en impose !…
Parfois l'illusion trompe quelques moments,
Mais la beauté sans fard a l'éclat de la rose.





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