Aglaé, belle comme un ange,
Allait, le printemps, au jardin,
Cueillir, pour en orner son sein,
Et la rose et la fleur d'orange.
Cette dernière fleur, surtout,
Était tellement de son goût,
Que dans ses grands jours de parure,
De préférence, on la voyait
S'en faire un odorant bouquet -
Et la mêler à sa coiffure.
Mais si, dans la belle saison,
Les fleurs étaient sa passion
Et flattaient sa coquetterie,
Dans un autre, Aglaé, dit-on,
Aimait les fruits à la folie.
Un jour d'automne, en visitant
Le jardin, le verger, la serre,
Elle rencontra maître Pierre,
Et lui dit d'un air mécontent :
Jardinier, il est bien étrange,
Que notre superbe oranger
Ne nous ait fait encor manger,
Ni voir même une seule orange.
Le Jardinier, ayec douceur,
Lui répondit : ma belle amie,
Il fallait épargner sa fleur,
Si son fruit vous faisait envie.