Le Soleil et le Nuage Claude-Joseph Dorat (1734 - 1780)

Un Nuage bien argenté,
Servant de prisme au Dieu de la lumière,
S'attribuait cet éclat emprunté,
Et s'en vantait avec sécurité,
Comme d'un bien héréditaire.
Je brille, disait-il, de toute éternité.
A ces mots où se peint l'audace,
L'Astre qui mûrit les moissons,
Contre lui tout-à-coup ramasse
Quelques faisceaux de ses rayons.
Vous eussiez vu la vapeur se dissoudre,
Se détacher, pâlir, perdre tous ses reflets,
Dans les airs embrassés se fondre, se résoudre,
Et, de nos champs mouillant la poudre,
S'ensevelir dans les guérets.

Combien de sots s'enorgueillissent
D'une splendeur qu'on leur ôte en un jour !
Ils brillent et s'évanouissent....
Allez plutôt voir à la Cour.

Livre IV, fable 19




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