Mons Renard vit, un jour, à travers un treillis,
Un sémillant Dindon, qui, voulant à sa belle
Communiquer l'ardeur dont il était épris,
Et paraître à ses yeux des Dindons l'Adonis,
Arrondissait sa queue, élargissait son aile,
Se balançait deçà, delà... Reine immortelle,
S'écria le narquois, est- ce une vision ?
Mes sens m'abusent-ils ?... Quel est ce personnage
Que j'entrevois là-bas ?... O divine Junon,
Ce port majestueux ! Ce séduisant corsage !
Et cette queue où brille un merveilleux plumage !...
Oui, ce doit être un Paon gloire à ton favori !
Que ne puis-je à ses pieds déposer mon hommage !
Ah! faut-il qu'un rempart nous dérobe celui
Qu'on voudrait adorer !... Déesse, je t'invoque :
Fais qu'il approche ! ... Adieu le sot et ses amours :
La vanité l'emporte ; il y vole, on le croque.
Flatteurs, ce sont là de vos tours ;
Et l'imprudent, hélas ! qu'un perfide langage
Fait tomber dans votre panneau,
N'en sortit pas toujours quitte au prix d'un fromage,
Comme autrefois Maître Corbeau.