La Citrouille et les Radis Eugénie et Laure Fiot (19ème siècle)

Dans des semences de radis,
Un jour, un pépin de Citrouille
Se glissa pour jouir des plaisirs du semis.
Le voilà sur la couche où sa racine fouille,
D'ici, de là, partout, sans pourtant dire mot ;
Se vanter, en ce cas, est le bonheur d'un sot,
Une voulait d'abord montrer ses jouissances.
Alors que les radis eurent pris leurs croissances,
Le jour vint qu'on les bottela ;
Citrouille les attendait là.
On jeta nouvelles semences,
Afin de leur donner de petits successeurs ;
Mais, plus tard, pour ceux-ci seront tous les malheurs ;
Car l'absorbant légume, enfin levant la tête,
Puis, avec sa racine, étendant ses longs bras,
Couvrit toute la couche et se fit une fête
D'absorber des radis, en quelques bons repas,
Tous les sucs nourriciers, la>chaleur et la vie,
ta citrouille à la fin grosse et bien rebondie
Est maîtresse partout :
Et de tout,
Après avoir détruit les pauvres radis roses
Or, combien de semblables choses,
Dans notre genre humain,
Ont le même destin !
Dans le commerce et l'industrie.
Tout accapareur est pareil ;
Il confisquerait le soleil,
Si jamais son pouvoir égalait son envie !

Fables nouvelles, Livre IV, Fable 15, 1851




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