La Fortune et le Sage Eugénie et Laure Fiot (19ème siècle)

La Fortune éprouvant une grande fatigue
A donner ses faveurs aux gens vivant d’intrigue
Qui se plaignaient toujours des moindres accidents,
Un jour, s’en vint aux champs,
Pour visiter un sage, Et lui tint ce langage;
» Ami, je te donne un château
Et cinq cents arpents pour cadeau.
Le sage répondit : De mon simple hermitage
J’ai bien assez, je suis content.
— Il faut que tu deviennes grand,
Et je vais te nommer président des ministres.
— Non, du pouvoir je crains les trop fréquents sinistres.
—Eh bien ! je veux faire de toi
Un roi
A ce mot, se mettant à rire.
Le sage s’empressa de dire :
Je ne veux pas me soumettre à ta loi
Volage déité, ta bonté m’importune;
Sagesse vaut bien mieux que pouvoir et fortune.

Fables nouvelles, Livre III, Fable 16, 1851




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