La Fortune un jour courroucée
Contre son plus, cher favori,
Et par un caprice poussée,
D'un sage visita l'abri.
« Ami, lui dit-elle, pardonne ,
Trop longtemps je t'ai négligé;
Désormais pour toi j'abandonne
L'ingrat qui fut mon protégé.
Fais trêve au labeur qui t'accable,
La science est un vain trésor ;
Vois, de mon urne inépuisable
Pour loi vont couler des flots d'or.
— Je te rends grâces, ô déesse,
Répond le sage, en souriant,
Je suis heureux sans la richesse,
Mon bonheur me rend défiant.
Ton favori se désespère ,
Pitié pour lui ; va l'embrasser :
De tes faveurs je n'ai que faire,
Et lui ne saurait s'en passer. »