Un astronome, une nuit, était en train d'observer le ciel. Il y remarqua tout à coup une vache grosse et grasse, suspendue à la Lune au bout d'une longue corde. Sa peau brillait sous le rayon de lune qui jouait sur son ventre rond. Elle était pleine de vie et lançait des ruades, et mugissait haut et fort, mais personne ne l'avait vue, personne, sauf l'astronome, plus observateur que les autres.
Il s'en alla chercher un ami qui était chasseur. Celui-là aussi avait la vu perçante et il vit la vache pendue au bout de sa corde. Avec le plus grand soin, il ajusta son arc, visa, tira, et sa flèche coupa net la corde.
La vache alors tomba, loin de là, et elle finit par plonger dans l'eau d'un fleuve. Un pêcheur qui pêchait là attrapa la vache par les cornes au bout d'une solide ligne. Il tira sur la corde et parvint, à grand-peine, à haler la vache sur la rive. Mais sitôt qu'il eut dénoué la corde de ses cornes, la bête lui échappa et s'enfuit : elle voulait rejoindre un troupeau qui entrait dans un enclos.
La vache de la Lune suivit dans l'enclos les autres vaches et les taureaux, et le fermier referma la barrière. Il remarqua au passage, d'un regard de connaisseur, la nouvelle pièce de bétail dont venait de s'enrichir son troupeau. C'était de loin la plus belle et la plus grasse de ses bêtes. Il ne put se retenir de sourire et se dit : « Qui me fait ce don ? Je ne sais, mais qu'il en soit remercié. »
Aux uns la peine, autres le profit !