L'Once, le Cerf et le Singe Fables Brésiliennes

Une fois, l’amie Once invita l’ami Cerf à aller boire du lait chez un camarade. L’ami Cerf accepta. En chemin, il fallait passer une petite rivière ; l’Once trompa le Cerf, en lui disant de ne pas avoir peur, car la rivière était peu profonde. Le Cerf s’y jeta, et un peu plus il s’y noyait. L’Once, elle, choisit un endroit peu profond, et traversa sans encombre.
Ils poursuivirent leur chemin, et rencontrèrent des
bananiers. L’Once dit au Cerf : « Ami Cerf, allons manger des bananes ; grimpez, vous mangerez les vertes, ce sont les meilleures, et vous me jetterez les jaunes. » Le Cerf suivit le conseil; il n’en put manger aucune, tandis que l’Once se-remplit le ventre. Ils suivirent leur route et rencontrèrent des travailleurs dans un champ. L’Once dit au Cerf : — « Ami Cerf, quand on passe près de ces gens-là on doit dire :« Le diable emporte ceux qui travaillent ! » Le Cerf suivit le conseil ; il dit aux hommes ; la phrase que lui avait enseignée l’Once; les travailleurs lâchèrent leurs chiens contre lui, et il faillit y laisser la peau. L'Once en passant près des hommes, leur dit : « Que Dieu aide qui travaille. » Les hommes en furent flattés et la laissèrent passer tranquille.
Plus loin, ils trouvèrent un serpent corail 1 et l’Once dit: — «Ami Cerf, regardez quel beau bracelet cela ferait pour votre fille ! » Le Cerf voulut prendre le serpent lui le mordit, et, comme il se plaignait à l’Once, celle-ci lui répondit :— « Est-ce de ma faute si vous êtes un sot ? »
Enfin, ils arrivèrent chez le camarade de l’Once. Il était tard, on alla se coucher. Le Cerf dressa son hamac dans un coin et se mit à dormir. Pendant la nuit, l’Once se leva tout doucement, sur la pointe des pieds, ouvrit la porte, s’en alla à l’étable des brebis, saigna une des plus grasses, prit son sang dans une calebasse, en mangea la chair, revint à la maison, jeta le sang de la calebasse sur le Cerf pour le salir, et alla se recoucher.
Le malin venu, le maître de la maison se leva, alla à l’étable et s’aperçut qu’il lui manquait une brebis. Il alla s’en informer auprès de l’Once, qui lui répondit : « Moi, mon compère! Jamais de la vie ! Voyez, je suis toute propre à moins que ce ne soit l'ami Cerf. »
L’homme alla au hamac du Cerf et le trouvant tout couvert de sang: « Ah ! c’est vous, espèce de voleur! » Et il lui administra une volée de coups jusqu’à ce qu’il le tuât. L’Once se régala*de lait et s’en alla tranquille. Au bout de quelque temps, elle demanda au Singe de lui prêter son manteau, et l'invita par la même occasion à aller chez le même compère. Le Singe accepta, et les voilà partis.
Arrivés près de la rivière, l’Once lui dit: « Ami Singe, la rivière n’est pas profonde, passez devant, et prenez par-là- » Le Singe lui répondit : « Est-ce que vous croyez que je suis comme le Cerf que vous avez trompé ? Passez devant si vous voulez, sans cela je rebrousse chemin. » L’Once dut prendre les devants.
Arrivés près du bananier, l’Once lui dit: « Ami Singe, allons manger des bananes : vous mangerez les vertes, ce sont les meilleures, et vous me jetterez les jaunes. » Le Singe accepta, grimpa, mangea les bananes mûres et jeta les vertes à l’Once. Celle-ci, furieuse, lui disait : « Ami Singe, ami Singe, je vous mettrai les crocs dessus. » Le Singe lui répondait : « Je m’en vais, si vous commencez vos histoires. »
Poursuivant leur chemin, ils rencontrèrent les travailleurs, et l’Once dit : « Ami Singe, quand vous passerez près de ces hommes, si vous voulez leur faire plaisir, dites : le diable emporte qui travaille ! » Mais le Singe en passant, leur dit : « Que Dieu aide qui travaille! » Les hommes en furent très flattés et le laissèrent passer. L’Once passa elle aussi. Plus loin, ils aperçurent un serpent corail, et l’Once dit au Singe : « Quel joli collier pour votre fille ! ramassez-le et emportez-le. » Le Singe répondit : « J’aime mieux vous le laisser. »
Enfin, ils arrivent chez le compère de l’Once et vont se coucher parce qu’il est déjà tard. Le Singe, pas hôte, dressa son hamac très haut, se coucha et feignit de dormir. Bien plus tard dans la nuit, l’Once sortit sur la pointe des pieds, alla à l’étable des brebis, saigna la plus jolie de toutes, en mangea la chair, et prit une calebasse pleine de sang pour le jeter sur le Singe. Lui qui voyait tout, donna un coup do pied à la calebasse, dont le contenu éclaboussa l’Once de la tète aux pieds.
Le malin venu, le maître de la maison alla à l’étable, s aperçut qu’il lui manquait une brebis et dit : « Toutes tes lois que cette maudite commère couche ici, il me banque toujours une bête. » Il revint chez lui et trouva le Singe déjà levé ; celui-ci montra du doigt l’Once qui feignait de dormir. L’homme la vit toute couverte de San g et il s’écria : «. Ah! c’est toi, diablesse! » Il lui lira Un coup de fusil et l’abattit.
Le Singe se régala de lait et s’en retourna fort satisfait.

Folkore brésilien




Commentaires