La Mort et le Loup Fables Sénégalaises

Un Bœuf avait payé tribut à !a nature.
On le sentait de loin. Un Loup mourant de faim~
Vint disputer aux vers cette riche pâture.
Mais la Mort apparut défendant son butin
'< C'est à moi pourquoi, lui dit-elle,
Me voles-tu depuis longtemps ?
C'est par trop vivre à mes dépens.
Tu solderas un jour tout ce que tu me prends,
Faisons un pacte et sois fidèle
Je veux bien te nourrir encor pendant deux ans
Mais tu viendras ensuite habiter mon empire. »
Notre Loup d'accepter et tout bas de se dire
Ses deux ans ne viendront jamais;
Et je fuirai si loin qu'on ne pourra me prendre.
Or le terme arriva. Le Loup dormait en paix.
< Debout! lui dit la Mort, fais vite tes paquets
Et suis-moi sans me faire attendre. »
Le Loup se désespère; il pleure, et, d'un air tendre,
Il demande quelques instants
Pour embrasser encor sa femme et ses enfants...
Feignant d'entrer dans sa tanière,
Il s'enfuit et gagne les champs.
Mais la Mort, qu'on ne trompe et qu'on n'évite guère,
Le poursuit, et changée en taon,
Le presse dans sa course à grands coups d'aiguillon.
S'arrete-t-il ? impitoyable,
La Mort va le saisir de son bras redoutable.
De douleur, de terreur vaincu,
Il court encor, s'épuise il tombe. il a vécu.

Contre la Mort en vain nous voulons nous défendre.
Ne courons pas non plus au-devant de sa faux.
Nous-même, avant le temps, n'ouvrons pas nos tombeaux,
Mais sachons toujours y descendre.

Fable 21




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