Une Souris, à tout propos,
Laissait là ses marmots
Pour courir au village.
Elle aimait caqueter, cela n'était pas sage ;
Elle conseillait bien à ses chers nourrissons
De rester au logis, pendant sa courte absence :
« Ce n'étaient que périls dans tous les environs ;
Elle-même, en sortant, usait do prévoyance... »
La Souris, on le sait, aussitôt sa naissance,
Trotte menu, se plaît à voyager,
Et, sans y regarder, va tout droit an danger.
Or donc, leur mère étant partie,
Nos souriceaux prennent envie
De se donner joyeuse vie.
Adieu les conseils si prudents !
Les voilà tous courant les champs.
Mais la leçon, hélas ! fut dure !
S'éparpillant h l'aventure
Et sans savoir ce qu'ils faisaient,
Les uns dans un piège tombaient,
D'autres, du Chat ne connaissant la mine,
Do sa figure pateline
Subissaient le fatal attrait,
Et la bête aux yeux doux lestement les croquait.
Au retour, qui fut consternée ?
Ce fut la mère infortunée :
Ses souriceaux étaient morts ou mourants !
A des regrets sans fin elle fut condamnée.
Ce n'est pas tout de conseiller,
Parents, il faut encor veiller.