Dans le parc de Saint-Cloud, au retour du printemps,
Un jeune enfant, quo conduisait sa mère,
L'interrogeait à tous moments.
Répondre n'était pas une petite affaire.
Pourquoi ceci ? pourquoi cela ?
Et la raison de toutes choses.
« Comment, dit-il, cet arbre-là
Est-il couvert de fleurs tout fraîchement écloses,
Tandis quo son voisin, encor triste et frileux,
Nous montre à peine sa verdure ?
— Fions-nous-en, cher fils, aux soins do la nature :
Avec elle et le temps, chacun peut être heureux.
Ce Chêne aura bientôt une riche parure ;
Plus tard tu verras ses splendeurs.
Tout couvert de ses blanches fleurs,
Le Marronnier, à la toufse élégante
S'élevant vers les pieux,
Fait le charme des yeux
Et sa beauté t'enchante.
Hélas ! son feuillage léger,
Dès le mois d'août, court le danger
De se faner ; plus do fleurs, plus d'ombrages !
Jusque sous l'aquilon, le Chêne verdira,
Et sa cime atteindra
La hauteur des nuages.
Sa force, sa vigueur
Sont l'effet et le prix d'une sage lenteur.
Demande au ciel, enfant, la grâce qu'on envie,
C'est le charme heureux du printemps ;
Mais recherche surtout les vertus, les talents
Qui durent autant que la vie. »