Un Coq, un Âne et un Lion s'étaient rendus dans le même champ ; le Coq pour chercher quelques grains de blé, l'Âne pour chatouiller son palais avec du chardon, et le Lion dans l'espérance de trouver quelque proie à dévorer. Voici l'Âne tout trouvé : il faut bien que le Lion s'en contente, puisqu'il ne trouve rien de mieux ; et déjà il allait se jeter sur lui, lorsque le Coq fait retentir l'air de ses sont aigus ; le Lion effrayé prend la fuite : car le Coq a reçu de la nature le privilège de faire fuir les Lions, aussitôt qu'il chante. Notre Baudet, témoin de la frayeur et de la guite du roi des animaux, a la sottise de se croire un animal des plus redoutables ; il s'imagine que c'est lui que l'on craint, et dont on ne peut même soutenir la présence. Enfin son aveuglement est si grand, qu'il poursuit le Lion en le traitant de lâche. Mais celui-ci, n'entendant presque plus le chant du Coq, s'arrête, tourne la tête, et surpris de voir le Baudet courir après lui, il revient sur ses pas, étrangle ce sot animal et le dévore.

La bêtise accompagnée de l'arrogance, conduit les hommes à une perte certaine.

Livre I, Fable 25




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